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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Réflexions sur le retard mental et le crétinisme de l’hypothyroïdie congénitale et de la carence des minéraux à l’état de traces Volume 17, numéro 1, Janvier-Février-Mars 2007

Auteur
Centre médical Marc Sankalé, BP 5062, Fann Dakar, Sénégal

Alors que les déficits des minéraux à l’état de traces et de vitamines sont rares chez les humains mangeant une variété d’aliments, les déficits des minéraux à l’état de traces peuvent survenir chez les prématurés et chez les sujets ayant des perturbations du comportement alimentaire dues à des causes physiques ou psychologiques et durant la nutrition parentérale ou entérale. Certains, comme le fer et l’iode, sont à prendre particulièrement en compte. L’hypothyroïdie congénitale induite par la carence en iode est un problème majeur. Son importance en santé publique tient à ses complications neurologiques réalisant le crétinisme endémique. En zone non carencée en iode, l’incidence standard en Occident est de 1:4 500 naissances vivantes. En zone carencée en iode, l’incidence du crétinisme varie entre 1 et 5 % ! bien qu’elle soit sous-estimée du fait de la non-systématisation des méthodes de dépistage développées depuis 20 ans. La cassave par ses thiocyanates, la carence en sélénium rendant déficitaires en glutathion peroxydase sélénodépendante, et des goitrigènes naturels complètent les problèmes dus à l’alimentation à travers le lait, le millet, les noix, les bactéries et les produits chimiques polluant l’eau. Un besoin d’iode pour l’adolescent et l’adulte de 100 microgrammes/jour, pour l’enfant de 60 à 100 microgrammes/jour, et entre 1 et 10 ans d’âge et les petits enfants de moins d’1 an de 35 à 40 microgrammes/jour n’est pas régulièrement assuré. Cette insuffisance pèse sur un milliard d’individus dont 50 à 100 millions en Europe, notamment les femmes enceintes, les fœtus, les nouveau-nés, les jeunes enfants dont le développement cérébral peut être altéré durant la grossesse et la vie fœtale et postnatale précoce. D’après certains auteurs, des sujets atteints de crétinisme pourraient être rencontrés en situation de prévalence goitreuse dans plus de 20 % des cas. L’évaluation d’une altération diffuse du niveau intellectuel de la population nécessite des outils trop spécifiques dans le cadre de la plupart des études. Des générations d’enfants sont victimes, dans de larges étendues de l’écosystème en Afrique, et de façon endémique de cette morbido-létalité liée à une maladaptation à l’environnement alimentaire. Il s’agit d’études d’isolats qu’on ne saurait transposer avec rigueur sur des populations entières comme c’était le cas des enquêtes de dépistage de l’hypothyroïdie congénitale en Occident. À l’origine d’assertions péjoratives, la relation entre grossesse et hypothyroïdie mérite d’être rapportée à l’occasion de deux observations. Dans un cas, malgré un traitement hormonal substitutif thyroïdien certes insuffisant, l’enfant est né vivant et bien portant. Dans le second cas, où l’hypothyroïdie est consécutive à une thyroïdectomie chez une basedowienne, un enfant hydrocéphale est né vivant, en l’absence de tout traitement substitutif. À la suite d’une seconde grossesse et sous traitement hormonal optimal, un autre enfant est né vivant et bien portant. Les désordres résultant du déficit sévère en iode ne concernent pas nos deux patientes. Eu égard à une série de 166 cas d’hypothyroïdie congénitale du nouveau-né, seuls deux cas s’accompagnaient d’anticorps antithyroïdiens maternels. Ailleurs, 9 femmes hypothyroïdiennes ayant fait 11 grossesses avaient 9 enfants normaux, 1 prématuré chez une mère éclamptique et un autre avec un syndrome de Down et un déficit de l’Ostium primum chez une mère ayant 41 ans. L’ontogenèse de l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien du fœtus paraît jusqu’à nos jours se développer indépendamment de la mère en cas d’hypothyroïdie. Un rôle important est dévolu à une désiodase de type III particulièrement active dans le placenta durant la grossesse avec la notion d’une activité de la T3 sur des récepteurs nucléaires mais aussi mitochondriaux. La maturation de ces récepteurs est mal connue.