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Annales de Biologie Clinique

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Les marqueurs spécifiques du tabagisme Volume 60, numéro 3, Mai - Juin 2002

Auteurs
Laboratoire de biochimie C (FGC biochimie), Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 83, boulevard de l'Hôpital, 75651 Paris cedex 13

La consommation de tabac est à l'origine de pathologies graves. Fumer est malheureusement devenu courant chez l'enfant et l'adolescent avec des conséquences sur leur santé. De même, le tabac est toxique pour le fœtus des femmes qui fument pendant la grossesse. La prise en charge des fumeurs est une priorité dans une démarche de soin et de prévention, la nicotine étant responsable de la dépendance pharmacologique. D'après une circulaire récente de la Direction générale de la santé, l'évaluation de la dépendance doit être effectuée à partir de questionnaires et de marqueurs spécifiques. La nicotine, intensément métabolisée au niveau hépatique, est oxydée en cotinine. La nicotinémie d'un fumeur fluctue en permanence mais la cotininémie reste stable. L'élimination urinaire de la nicotine est brève et discontinue, celle de la cotinine prolongée. Ces données pharmacocinétiques font de la cotinine un marqueur privilégié, comme le confirme l'enquête réalisée dans 340 consultations de tabacologie. Quarante pour cent des médecins (n = 137) ont répondu : s'ils ne sont que 17 % à prescrire le dosage de marqueurs, ils sont très favorables (79 %) à la diffusion de recommandations pour le dosage de la cotinine. L'enquête auprès des biologistes a permis de recueillir 67 réponses. Ceux-ci se prononcent à 47 % en faveur de recommandations pour le dosage de la cotinine par chromatographie liquide mais à 66 % par méthode immunologique. Les concentrations de cotinine chez un fumeur sont 50 à 100 fois plus importantes que chez le sujet non fumeur exposé à la fumée. La chromatographie en phase liquide allie spécificité et sensibilité mais les techniques immunoenzymatiques présenteraient l'avantage d'être facilement réalisables. Ces deux approches sont étudiées. Traiter la dépendance nécessite un suivi prolongé des sujets. Plusieurs paramètres sont à la disposition du médecin : le nombre de cigarettes fumées quotidiennement, la quantité approximative de nicotine absorbée, le questionnaire de Fagerström (évaluation clinique subjective de la dépendance), la mesure du monoxyde de carbone dans l'air expiré, le dosage des thiocyanates et de la cotinine dans les liquides biologiques. Le dosage de la cotinine urinaire présente l'avantage de la facilité du recueil et de la fiabilité du résultat. Ce dosage est justifié pour le diagnostic du tabagisme et le suivi du sevrage, de façon à adapter au mieux la substitution nicotinique notamment après un événement clinique ou chez la femme enceinte fumeuse. Il est indispensable pour le diagnostic du tabagisme passif, notamment chez l'enfant hospitalisé pour des problèmes respiratoires récurrents.