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Environnement, Risques & Santé

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Vers une approche prédictive des politiques de santé environnementale en France Volume 6, numéro 1, Janvier-Février 2007

Auteur
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), 84, avenue Jean Jaurès, BP 2, Champs-sur-Marne, 77447 Marne-la-Vallée cedex

Dans le courant des années 1990, la recherche relative à la caractérisation des risques sanitaires environnementaux s’est considérablement développée en France, offrant ainsi aux décideurs des politiques de santé environnementale des outils indispensables pour asseoir leurs décisions. En matière de gestion du risque, des actions de recherche existent, mais elles ne bénéficient pas d’une mise en cohérence nationale, et l’effort fourni n’est pas à la hauteur de l’enjeu posé par l’accélération de la production de connaissances potentiellement anxiogènes qu’il faut bien gérer. Cet article, consacré à l’analyse des politiques de santé environnementale, se veut une contribution à la production de connaissances dans ce domaine à défricher. Un point sur les principales approches explicatives des politiques de gestion du risque définit trois grandes catégories d’approches : les approches « techniciennes » dont l’objectif est de transformer les connaissances scientifiques en outils à valeur décisionnelle ; les approches de type « réaction à l’opinion » qui suggèrent que l’opinion publique est (ou devrait être) le principal déterminant des politiques de gestion du risque ; les approches de type « groupes d’intérêt » qui suggèrent que le pouvoir de définir ou de retenir le développement de politiques publiques est principalement entre les mains de groupes d’intérêt. Afin de mesurer le poids relatif de ces approches selon les situations et les risques, Christopher Hood a développé une méthode d’analyse des « régimes de risque » et de comparaison avec les régimes attendus selon les trois approches. Nous avons tenté d’appliquer cette méthode à trois politiques françaises : celles relatives au saturnisme hydrique, à l’exposition aux légionelles dans les hôtels, et à l’exposition à l’amiante dans les bâtiments. Le résultat de cet exercice exploratoire, cohérent avec les premières conclusions de Hood, plaide pour une influence majeure du modèle « groupes d’intérêt », sauf dans le cas de l’amiante où l’anticipation vis-à-vis de l’opinion publique semble la règle. Cet exercice mériterait cependant d’être repris et validé pour améliorer la compréhension de la construction des politiques de santé environnementale.