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Psychologie & NeuroPsychiatrie du vieillissement

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Drop attacks chez le sujet âgé : une entité revisitée  ? Volume 3, numéro 2, Juin 2005

Auteurs
  • Page(s) : 135
  • Année de parution : 2005

Auteur(s) : Jacques Boddaert, Marc Verny

Les chutes représentent une problématique particulièrement fréquente et grave du sujet âgé, qui tient en partie à la diversité des étiologies et des facteurs potentiellement responsables, souvent associés dans cette population. En raison de ce caractère multifactoriel, la prise en charge des syncopes a fait l’objet d’un consensus, comprenant en première ligne des examens tels que le massage du sinus carotidien. Parmi les causes de chutes, les drop-attacks (DA), définies par une chute brutale à terre sans perte de conscience, associée à une sensation de dérobement des membres inférieurs, sont encore considérées comme liées essentiellement à une insuffisance vertébro-basilaire.

En utilisant une démarche clinique rigoureuse, l’équipe de Kenny s’est intéressée à la prise en charge des DA des sujets âgés polypathologiques [1]. En ce sens, 93 patients d’âge moyen 77,4 ± 9 ans (28 % de polymédication, 35 % de cardiopathie ischémique, 25 % d’hypertension artérielle, 31 % d’arthrose) présentant en moyenne 4 DA ont été explorés. Les examens comprenaient, en plus de l’examen clinique et des tests biologiques, une évaluation de la vision, des fonctions cognitives (MMSE), des troubles de l’équilibre (Get up and Go test et appui unipodal), un électrocardiogramme, un massage sino-carotidien bilatéral en position debout et couchée, une recherche d’hypotension orthostatique et, si besoin, un tilt test, un holter rythmique ou de pression artérielle. La cause des DA était attribuée dans plus de 50 % des cas à une origine cardiovasculaire, largement dominée par l’hypersensibilité du sinus carotidien (HSC) dans 37 % des cas, essentiellement dans sa forme cardio-inhibitrice (pause = 3 secondes) ou mixte (cardio-inhibiteur et vasodépresseur défini par une baisse de la pression artérielle systolique de plus de 50 mmHg), le diagnostic d’insuffisance vertébro-basilaire n’étant retenu que dans 2 % des cas.

Cette étude souligne la fréquence de l’HSC chez le sujet âgé, résultat rapporté auparavant par la même équipe. Cependant, la responsabilité des diagnostics évoqués dans la symptomatologie de DA ou des syncopes d’une manière plus générale, est toujours difficile à affirmer, et les auteurs ont retenu deux critères cliniques pertinents : d’abord l’association de symptômes à un test positif ; ensuite et surtout l’intervention sur le diagnostic suspecté qui doit réduire d’au moins 50 % la fréquence des DA. Or, ces critères judicieusement choisis ne sont malheureusement pas détaillés, et il manque en particulier toutes les données du suivi. Le manque de ces données, essentielles dans la prise en charge de ces patients, représente la principale limite de cette étude. De plus, ces résultats concernent une population de patients très sélectionnés, puisqu’ayant fait au moins 3 épisodes de DA caractéristiques, il est probable qu’ils représentent un faible nombre des patients âgés vus pour chute.

Cependant, cette étude souligne la nécessité d’une exploration rigoureuse des malaises et chutes chez le sujet âgé, permettant dans cette sous-population d’aboutir à un diagnostic probable. Entre diagnostic probable et certain, il est souvent particulièrement difficile de trancher, et c’est le suivi après intervention ciblée qui reste l’élément clé du diagnostic, dans une population caractérisée par la polypathologie.

1. Parry SW, Kenny RA. Drop attacks in older adults : systematic assessment has a high diagnostic yield. J Am Geriatr Soc 2005 ; 53 : 74-8.