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Annales de Biologie Clinique

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Utilisation des marqueurs du remodelage osseux dans la maladie de Paget Volume 59, numéro 3, Mai - Juin 2001

Auteurs
Service de rhumatologie et de pathologie osseuse, Hôpital Édouard-Herriot, Lyon
  • Page(s) : 309-11
  • Année de parution : 2001

La maladie osseuse de Paget est une ostéopathie fréquente, puisque recensée par sa prévalence comme le deuxième désordre osseux après l'ostéoporose, dans les pays occidentaux. Elle est définie comme une maladie localisée ou disséminée à plusieurs pièces squelettiques d'évolution progressive. Le remodelage osseux excessif caractéristique de la maladie avec hyperostéoclastose et surproduction ostéoblastique d'une matrice mal structurée conduit à l'hypertrophie des pièces osseuses atteintes, à leur déformation et à d'importantes modifications de la micro-architecture osseuse. La majorité des cas de maladie de Paget anatomique passent inaperçus parce qu'asymptomatiques. La proportion de patients symptomatiques bien que difficile à estimer varie de 1 à 30 % selon les études [1, 2]. Nous avons montré en 1987 que la plupart des patients consultant pour une maladie de Paget symptomatique ont plus d'une lésion mais que la maladie ne s'exprime cliniquement qu'au niveau d'un tiers des sites pagétiques identifiés par la scintigraphie osseuse. Une complication articulaire est déjà présente à la première visite dans près de la moitié des cas [3]. Les formes symptomatiques sont caractérisées par la présence de douleurs osseuses ou articulaires, ou par des manifestations neurologiques. Les formes asymptomatiques sont découvertes fortuitement par une augmentation des phosphatases alcalines, par la réalisation de radiographies ou d'une scintigraphie demandées pour d'autres pathologies. Les marqueurs du remodelage osseux sont utilisés en pratique clinique courante pour apprécier l'activité de la maladie et l'efficacité des traitements mis en place. En effet, les importants progrès thérapeutiques réalisés ces vingt dernières années grâce à l'utilisation de puissants agents anti-ostéoclastiques, comme les bisphosphonates, ont permis d'élargir les indications de traitement. Les patients devant être traités sont les patients symptomatiques mais aussi les patients asymptomatiques porteurs de lésions localisées dans des pièces squelettiques dites à risque (crâne, rachis, os longs et pourtour des articulations). Les indices biologiques classiques (phosphatase alcaline totale sérique et hydroxyprolinurie) évaluent les activités de formation et de résorption osseuses très accrues dans la maladie de Paget. Ces marqueurs sont parfois à des taux normaux dans les formes mono-osseuses où des marqueurs plus sensibles et plus spécifiques ­ phosphatase alcaline osseuse sérique, pyridinoline et autres peptides ­ trouvent leur utilité clinique [4].