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Science et changements planétaires / Sécheresse

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L’alcalinisation/sodisation, un danger pour les périmètres irrigués sahéliens Volume 5, numéro 3, Septembre 1994

Auteurs
Cirad-Ca BP 5035 34032 Montpellier cedex 1, France, 1ER SRCVO BP 438 Bamako, Mali
  • Page(s) : 161-71
  • Année de parution : 1994

Les sols des grands périmètres irrigués sud-sahariens se dégradent sous l’effet de deux facteurs complémentaires : la remontée des nappes et la sodisation/ alcalinisation. À l’Office du Niger, les nappes sont montées de 50 mètres en 50 ans. Cette élévation des nappes phréatiques est due à un mauvais contrôle des doses d’irrigation, à un choix de sols inadaptés à la riziculture et à la conception de la distribution de l’eau et de évacuation des eaux excédentaires. La dégradation des sols par sodisation/ alcalinisation affecte 30 à 50 % des surfaces au bout d’une cinquantaine d’années de culture irriguée. La sodisation/ alcalinisation des sols n’était guère prévisible lors de la création des anciens périmètres irrigués car les moyens d’évaluation de la qualité des eaux étaient insuffisants. On sait maintenant que si les eaux des grands fleuves sud-sahariens sont très peu minéralisées (ce qui a fait croire à leur grande qualité), elles sont ioniquement déséquilibrées vers le pôle sodium. Ce déséquilibre croît lorsque les eaux se concentrent par évaporation. Comme la charge ionique des argiles se met en équilibre avec celle des eaux qui baignent le sol (eaux d’irrigation, nappe), il en résulte une évolution des sols dans la voie alcaline : ils deviennent sodiques et alcalins. Dans ces conditions les argiles défloculent. Il en résulte un effondrement de la structure : la perméabilité et la porosité sont fortement réduites. Des carences minérales induites apparaissent. Cela se traduit par la réduction du choix des cultures possibles, par des difficultés croissantes de conduite des opérations culturales, par une réduction substantielle de la production et, in fine, par l’abandon des périmètres aménagés à grands frais. Des méthodes de prévention et de réhabilitation des sols sont évoquées. Les premières nécessitent de repenser certaines méthodes d’aménagement et de gestion des terres et des eaux. Elles peuvent remettre en cause les systèmes de culture actuellement pratiqués. Les secondes demandent des dépenses d’autant plus élevées que la dégradation du milieu est plus marquée. Elles consistent, conjointement, à l’application d’amendements minéraux et à la mise en œuvre d’un drainage efficace.