Science et changements planétaires / Sécheresse
MENULes ligneux à usage de bois d’énergie en région sahélienne du Burkina Faso : préférence des groupes ethniques Volume 9, numéro 4, Décembre 1998
- Page(s) : 261
- Année de parution : 1999
L’approvisionnement du ménage en bois de feu ou de charbon de bois pour la cuisine et le thé est assurée principalement par les femmes dans l’Oudalan, par les enfants dans le Séno et par les hommes dans le Yagha. Le mode de transport est principalement la charrette et l’âne dans l’Oudalan et le Séno, et le vélo dans le Yagha. Cette répartition des tâches différente dans les trois régions géographiques considérées est tout à fait particulière et tranche avec le plateau central où la tâche incombe d’habitude aux femmes, après les travaux champêtres ; ce qui n’est pas le cas chez les femmes sahéliennes qui ne participent pas à tous ces travaux. L’utilisation du bois d’énergie est générale en région sahélienne et liée aux déplacements plus ou moins amples et prolongés des ménages et à la disponibilité en bois mort. Pour cette utilisation, une certaine sélection est opérée par les différents groupes ethniques en fonction de leurs croyances religieuses et de leurs traditions, mais aussi des disponibilités en bois mort. Il apparaît que Balanites aegyptiaca, Grewia bicolor, Pterocarpus lucens, Acacia nilotica et Acacia seyal sont les principaux ligneux préférés comme bois d’énergie par les populations sahéliennes du Burkina Faso. D’autres espèces sont rejetées pour plusieurs raisons. Ce sont le caractère sacré du Ziziphus mauritiana, la mauvaise odeur pouvant faire délirer de Boscia angustifolia, Boscia salicifolia, Boscia senegalensis, Combretum aculeatum..., la mauvaise qualité du bois qui s’allume mal de Calotropis procera, Euphorbia balsamifera, Commiphora africana et Sterculia setigera... D’autres enfin sont hantées (Acacia albida, Azadirachta indica, plantes de cimetières), utilitaires par leurs fruits (Vitellaria paradoxa, Lannea microcarpa, Sclerocarya birrea...) ou simplement interdite par la tradition (Adansonia digitata). Mais ces croyances religieuses et traditionnelles connaissent un début d’abandon du fait de la raréfaction et de la commercialisation du bois, et du contact avec la ville.