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Bulletin du Cancer

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Effet de la voie d’abord sur la stadification chirurgicale des lésions ovariennes frontières et des cancers à un stade précoce Volume 93, numéro 7, Juillet 2006

Auteurs
Université Paris-Descartes, Faculté de médecine, Paris ; Service de chirurgie gynécologique et cancérologique, Hôpital européen Georges Pompidou, Université Paris-Descartes, Faculté de médecine, Paris ; Unité d’épidémiologie clinique CIE4 Inserm, Hôpital européen Georges-Pompidou rue Leblanc, 75015 Paris, Centre Claudius-Regaud, 31000, Toulouse, Maternité La Conception, 13000 Marseille

L’objectif de l’étude était d’évaluer l’impact de la voie d’abord chirurgicale sur la stadification chirurgicale des lésions frontières ou des cancers à un stade précoce. Nous avons effectué une analyse rétrospective de dossiers de lésions frontières de l’ovaire et de cancers invasifs, opérés entre le 1 er janvier 1985 et le 31 décembre 2001. Seuls les stades compris entre Ia et Ic ont été retenus. Nous avons comparé la fréquence de gestes potentiellement délétères en fonction de la voie d’abord chirurgicale. La qualité de la stadification chirurgicale a été mesurée par l’analyse un à un de tous les gestes nécessaires et par l’utilisation d’un score. L’influence des variables décrivant les caractéristiques des patientes, le bilan préopératoire et l’intervention initiale sur la qualité de la stadification ont été testés par un modèle univarié. Les variables indépendamment associées à la qualité de la stadification ont ensuite été incluses dans un modèle de régression logistique. Les données ont été analysées avec les logiciels SPPS 7.5 et Stata 8. Cent dix-huit dossiers de lésions frontières ont été inclus : 48 patientes (41 %) ont été opérées par cœlioscopie, 54 (45 %) par laparotomie et 16 (14 %) ont subi une laparoconversion. Un traitement conservateur a été effectué dans 57 % des cas. Il était significativement plus fréquent lors des cœlioscopies que lors des laparotomies (p < 0,05) et chez les femmes plus jeunes (p < 0,001). Une rupture peropératoire de la tumeur est survenue dans 9 % des cas, sans variation significative avec le type d’abord chirurgical (p = 0,1). Lors des cœlioscopies, un sac a été utilisé pour l’extraction de la pièce dans 19/48 cas (40 %). La majorité des patientes (73 %) a eu une stadification incomplète. En analyse univariée, la réalisation d’une annexectomie bilatérale, et dans une moindre mesure l’âge supérieur à 44 ans, l’abord par laparotomie, la réalisation d’une hystérectomie et l’année de traitement (> 1995) étaient prédictifs de la réalisation d’une stadification au moins partielle. L’analyse multivariée montrait que l’année de traitement, la réalisation d’une annexectomie bilatérale ou d’une hystérectomie étaient prédictives d’une stadification au moins partielle. Concernant les cancers invasifs, 34 patientes avaient été opérées par cœlioscopie, 114 par laparotomie et 30 avaient subi une laparoconversion. Les interventions effectuées par laparotomie concernaient des femmes significativement plus âgées et portant des tumeurs significativement plus grosses que celles opérées par cœlioscopie. La stadification obtenue à l’issue de la première intervention était souvent inadéquate, avec notamment une fréquence faible des curages lomboaortiques : 0 % lors des cœlioscopies, 18 % lors des laparotomies et 33 % après laparoconversion. Pour les lésions frontières, l’abord par cœlioscopie entraîne une stadification plus souvent incomplète que l’abord par laparotomie. Pour les cancers invasifs, la stadification initiale est insuffisante, notamment pour l’abord cœlioscopique. L’entraînement du chirurgien semble être déterminant.